Effets néfastes des activités inadaptées sur nos chiens.
(Canicourse, canicross, agility...)
Lorsque nous proposons des activités à nos chiens, nous devons nous assurer que celles-ci soient éthiques, c'est à dire adaptées à leur nature et leur individualité, et ce, sur tous les plans.
Quels effets sur son bien-être physique et psychologique? Est-ce que cela correspond à son éthogramme naturel?
Est-ce qu'il produirait naturellement ces comportements s'il avait le choix de le faire ou non?
Faisons nous bien la différence entre plaisir et dépendance?
Ne faisons nous pas passer notre propre plaisir lors de ces activités, avant le bien-être de nos chiens?
Savons-nous vraiment lire les signes de douleur, d'inconfort, de stress, que nous envoient nos chiens durant les activités?
De nombreuses personnes ignorent que leur chien souffre de troubles musculo-squelettiques, de douleurs physiques, de dépendance,
de stress, qui seront aggravés par ces activités.
Contrairement aux idées reçues, les activités comme le canicourse, canicross, lancer de balle, obérythmée, ou agility ne sont absolument pas bénéfiques pour nos chiens. Voici quelques explications:
Nervosité, réactivité, prédation:
-Lorsque le corps est plus rapide, le cerveau traite l'info plus vite, pour y répondre plus vite.
-Quand le chien capte le mouvement, comme c'est le cas lors de jeux de lancer, le cerveau envoie l'énergie vers les muscles pour permettre l'action (poursuite, fuite...), et il en reste peu pour le cerveau, les reins, le système digestif...
-L'instinct de prédation se trouve stimulé par ses activités, qui imitent la poursuite d'une proie.
par contre, le chien ne bénéficie pas de stimulation mentale car utilise toujours les mêmes zones du cerveau.
+l'action est répétée + le comportement est renforcé.
Conséquences : Le chien devient plus nerveux, sensible et réactif face au moindre mouvement, toujours à l'affût,
et ne peut se poser. Son instinct de prédation et sa sensibilité aux mouvements développés par ces activités, il peut se mettre à courser d'autres animaux, vélos, voitures, enfants, vous suivre partout, rester vigilant, sans se reposer réellement, aboyer aux fenêtres dès qu'une feuille tombe... Il subit aussi un abrutissement causé par le manque de stimulation, et l'accumulation d'hormones de stress...
Problèmes de communication
Afin de se montrer poli, et d'informer qu'il n'a pas de mauvaises intentions, le chien utilise différents signaux: Marcher lentement, former une courbe, s'arrêter, détourner la tête...
Exemple: Les chiens adultes s'approchent naturellement en courbe , plus ou moins marquée selon ce qui arrive en face.
Cette approche permet de ne pas sembler menaçant ou impoli, et ainsi d'éviter les conflits.
Conséquences: Lorsqu'il doit courir pour un canicourse, canivtt..., il lui est impossible d'utiliser son langage corporel ni une grande partie des signaux d'apaisement.
Par exemple, courir en ligne droite ne permet pas au chien de proposer un contournement, et son approche rapide et frontale envoi des signaux négatifs à ses congénères, ce qui peut les rendre plus nerveux et créer des problèmes.
Lui imposer une telle approche le rend lui-même plus nerveux, il sait que la situation peut devenir conflictuelle et le mettre potentiellement en situation dangereuse. Tout ceci conduit à des comportements réactifs.
Accumulation des hormones de stress dans le cerveau (Adrénaline, noradrénaline, cortisol...)
Ces hormones agissent directement sur les neurones:
-Elles freinent leur croissance et leur multiplication.
-Elles détruisent les neurones dans le cortex préfrontal (siège de la pensée)
-Elles altèrent la myéline, qui permet à l'influx électrique d'aller plus vite.
-Elles diminuent la neurogenèse (production de nouveaux neurones)
-Elles diminuent la transmission synaptique (communication entre les neurones)
-Elles inhibent la neuroplasticité ( ce qui permet au cerveau de s'organiser en reliant ou défaisant les liaisons neuronales.)
-Elles diminuent les télomères des chromosomes (qui les protègent du vieillissement)
Conséquences sur le cerveau:
-Ces hormones de stress accumulées perturbent les circuits qui permettent la réflexion, l'attention, la concentration...
-Elles diminuent l'hippocampe, qui est le centre de la mémoire, au cœur des apprentissages.
-Elles impactent sur la gestion et la régulation des émotions ( évaluation des menaces, perceptions physiologiques...) et sur les compétences sociales.
Accumulation des hormones de stress dans le sang:
Lors de ces exercices, les hormones de stress sont envoyées dans le sang par le système nerveux sympathique "Flight or Fight", ce qui a pour effet de freiner ou stopper l'activité du système nerveux parasympathique "Repos et digestion".
Conséquences: Impact sur les autres hormones, avec augmentation du taux de cortisol sanguin (stress chronique), détérioration du système immunitaire, (infections des glandes anales, des oreilles, tombe malade plus facilement...), stimulation de l'insuline, activation des hormones sexuelles (chevauchements),
Difficultés respiratoires:
Avec le collier:
Suite aux tractions, aux tensions sur le cou, les cartilages de la trachée sont écrasés ou cassés.
Avec le harnais:
Le mouvement du diaphragme entraîne les dernières fausses côtes, qui entraînent les dernières côtes.
Lorsque le chien est essoufflé, le harnais peut représenter une gêne considérable sur la respiration.
Conséquences: Difficultés respiratoires, étouffements, mauvaise oxygénation du sang et du cerveau.
Risques pour les chiens prédisposés aux problèmes respiratoires:
Certaines races de chiens sont prédisposées aux problèmes respiratoires et, ou cardiaques, comme les races brachycéphales, (carlins, bouledogues, pékinois, boxers...)
En effet, les narines des chiens à nez plat sont fortement rétrécies (sténose des narines) avec des cartilages flasques, la trachée a un diamètre réduit (hypoplasie de la trachée), son entrée est partiellement obstruée par les ventricules laryngés (éversion des ventricules).
La langue et le palais mou entrent systématiquement en contact (hypertrophie du voile du palais).
Tout ceci réduit l'espace nécessaire à l'air pour circuler normalement.
Le chien part déjà avec de très grandes difficultés respiratoires.
Lorsqu'il court, il doit forcer pour respirer, ce qui provoque un appel d'air. Les muqueuses collent alors davantage aux voies respiratoires, ce qui augmente les difficultés à s'oxygéner.
Chez ces chiens, même lorsqu'ils ne pratiquent pas le canicourse/canicross, le cœur travaille beaucoup pour alimenter les organes en oxygène, cause d'insuffisance cardiaque secondaire.
Qu'en est-il alors de ceux qui pratiquent ces activités ?
D'autres races non brachycéphales sont prédisposées aux maladies cardiaques comme le Bull Terrier sujet au souffle cardiaque, le Berger Allemand, le Golden Retriever, ou encore les petites races comme le yorkshire ou le chihuahua dont la trachée peut être molle et compliquer le passage de l'air (collapsus trachéal.)
Conséquences: Détresse respiratoire, arrêt cardiaque, syncope, décès.
Sansa a pu communiquer à Bastos qu'elle ne souhaitait pas ce type d'interactions,
peut-être à cause d'une approche trop directe.
Bastos a pu répondre à la demande de Sansa et a changé de trajectoire.
Grâce à leur langage corporel, les chiens ont évité un conflit ou un inconfort. Tout ceci n'est pas possible lorsque nous imposons des activités de canicourse, canicross etc...
Ce petit chien approche poliment Bastos en marchant calmement et en formant une courbe.
Les activités de canicourse, canicross, ne permettent pas cette approche polie.
Augmentation des besoins de dépenses physiques
Ces activités produisent des hormones de stress normalement utiles au chien pour sa survie. ( La chasse, la fuite, le combat...)
Ceci permet les actions rapides et le chien ne ressent plus les douleurs sur le moment.
Ces hormones provoquent la production d'une autre hormone de stress : Le cortisol. (Stress chronique.)
Conséquences: Cette hormone fournit beaucoup d'énergie au chien, renforce son endurance,
et ses besoins de dépenses physiques augmentent. Avec le temps, il a de plus en plus de difficultés à se poser.
Augmentation de la chaleur corporelle:
-Le chien n'a presque pas de glandes sudoripares permettant de transpirer. (hormis entre les coussinets. )
Lors de ces activité qui provoquent beaucoup de chaleur, et surtout par temps chaud, il ne peut pas se refroidir grâce à la transpiration, et ne peut compter que sur les halètements pour éliminer la vapeur d'eau.
Conséquences: Coup de chaleur, rhabdomyolyse (destruction des fibres musculaires), insuffisance rénale...
Quelques exemples parmi tant d'autres de l'impact sur le squelette:
Luxation de l'épaule
L'épaule est maintenue par des ligaments.
Les jeux vifs, les activités sportives intenses, les mouvements inadaptés, provoquent des microtraumatismes.
Les tissus se relâchent, voire se déchirent, l'épaule devient instable et douloureuse.
La modification des forces de compression peut à elle seule générer une instabilité de l'épaule.
De plus, lorsque l’articulation entre la scapula et l'humérus est instable, cela provoque l'usure du cartilage,
menant à l'arthrose.
L'instabilité de l'épaule serait l'une des causes les plus fréquentes des douleurs de l'épaule chez le chien.
Les symptômes peuvent être une boiterie plus ou moins marquée, intermittente ou constante.
Le diagnostic est posé par un spécialiste après divers examens, (échographies, IRM, examens neurologiques, arthroscopie...)
Conséquences: Douleurs, arthrose, tissus endommagés, instabilité de l'épaule, interventions chirurgicales et manipulations sous sédation, immobilisation de 4 à 6 semaines en cas d'intervention chirurgicale...
N'oublions pas que 70% à 80% des problèmes de comportement seraient liés à la douleur.1
Déséquilibre:
Des études réalisées par le Pr Krüger ont montrées que le centre de gravité est déplacé plutôt vers l’avant lors de tractions, comme dans le cadre du canicross, (Traction + course ) alors que les postérieurs supportent normalement une grande partie du poids du corps.
Conséquences: Les antérieurs sont soumis à de fortes contraintes en supportant 80 à 90% du poids.
Aggravation des pathologies musculo-squelettiques:
De nombreuses personnes ignorent que leur chien souffre de troubles musculo-squelettiques.
Les activités inadaptées peuvent aggraver ou rendre encore plus douloureuses certaines pathologies comme les dysplasies (coxofémorales ou des coudes), l'arthrose, la luxation de la rotule...
Dans le cas du chien présentant un défaut d'aplomb
Le risque de boiterie est encore plus grand chez les chiens présentant un défaut d'aplomb.
Une déviation surcharge les articulations, ce qui entraîne une usure prématurée des tendons et ligaments (Viallet 2017) (GRANDJEAN et al., 2002).
Risques pour le chien lourd ou obèse
Plus l’animal va être lourd, plus les contraintes exercées sur les os sont fortes. (CHEVALLIER, 2013)
Risques pour le chiot
Les activités intenses pour le chien en pleine croissance peuvent avoir de graves conséquences.
En effet, les muscles des chiots doivent se développer de l'intérieur vers l'extérieur au moyen de marches lentes, d'une grande liberté de mouvements, et de topographies variées.
Si on prend en compte l'éthogramme du chiot, son temps de promenade ne devrait pas dépasser les 15 minutes par jour à 3 mois, et 30 minutes à 6 mois en moyenne, sans avoir à trotter.
Conséquences: Comme nous l'avons vu plus haut, le fait de marcher, courir en ligne droite endommage les épaules, et à répétition, laisse des séquelles irrécupérables. Le chien n'ayant pas de clavicules, les omoplates ne sont pas rattachées et se déplaceront.
Autres problèmes lors du port du collier.
Ils sont innombrables lors de la marche en laisse alors imaginons les dégâts lors des exercices de traction ou de changements brutaux de direction :
Conséquences: Coup du lapin (Douleurs, maux de tête...), blessures aux muscles du cou, atteinte des ganglions lymphatiques (impact sur le système immunitaire) , brûlures de la peau dues aux frottements, troubles de la déglutition, hernies discales, arthrite, arthrose, atteintes neurologiques , pression artérielle...
Voici des documents très explicites concernant les dégâts liés à l'utilisation du collier en règle générale :
Sous le collier : ElsVidts, Freedogz.be
Votre chien porte-t-il un collier en promenade ? Heidi Carlsson
Ce qui se passe sous le collier Els Vidts- Freegogz.be
Blessures aux coussinets :
Coupures :
Ni vous , ni votre chien n'êtes en mesure lors des déplacements rapides, de regarder où il met les pattes, et il peut se blesser sur des bris de verre, ronces, cailloux, clous, détritus...
Les coussinets sont particulièrement fragiles, et les blessures longues à guérir :
Le chien est forcément en appui dessus lors de ses déplacements, et la plaie entre en contact avec toutes les bactéries présentes sur les sols. Il aura également tendance à lécher la plaie, ce qui retarde encore la cicatrisation.
Craquelures :
Les coussinets peuvent se craqueler s'ils sont trop sollicités, comme c'est le cas lors de ces activités et des balades trop longues.
Brûlures :
Elles sont fréquentes chez les chiens contraints de marcher sur le sol brûlant, gelé ou enneigé.
En été, le bitume atteint facilement les 60°.
Il est important de ne pas sous-estimer l'impact d'une coupure ou autre plaie aux coussinets.
Nous-même malmenons notre corps , malgré l'utilisation de chaussures de sport. Qu'en est-il du chien qui lui, n'a pas de semelles rembourrées?